Hyper-perception et micro-absences : vivre avec un cerveau qui voit (parfois) trop
Satori
5 décembre 2025
Question posée à Lucie
Question adressée à Lucie, membre du Groupe HP-9 de Toulouse, concernant un phénomène troublant que je ressens depuis mon plus jeune âge : de courts instants d’« absence » où la réalité semble s’effacer, laissant place à une perception altérée, presque parallèle, où mes sens — audition, vision, et autres — se retrouvent intensifiés de manière saisissante. Ces épisodes, bien que fugaces, sont pour moi une source constante d’angoisse et d’incompréhension.
Ce qui m’inquiète profondément, c’est l’impact que cela a sur mes interactions sociales. Lorsqu’une conversation bat son plein, ces moments d’évasion sensorielle m’isolent soudainement, comme si je basculais dans un autre univers, rendant difficile le maintien du fil de la discussion. Je ressens alors une sorte de décalage, un flottement intérieur qui me place dans une position délicate, voire gênante, face à mes interlocuteurs. Cette dissociation momentanée me fait craindre d’être perçu comme distant, distrait, voire impoli, ce qui alimente un cercle vicieux d’angoisse sociale.
J’aimerais comprendre l’origine de ces épisodes et trouver des pistes pour mieux les gérer. Savoir si d’autres personnes du groupe ont vécu des expériences similaires serait d’un grand réconfort, car je me sens souvent seul face à ce phénomène déroutant. Toute aide ou conseil serait précieux pour apaiser cette inquiétude persistante qui pèse sur mon quotidien.
Voici sa réponse
Ce que tu décris ressemble à ce qu’on appelle des micro-absences ou des états de conscience modifiée, un peu comme si ton cerveau "décrochait" brièvement de la réalité pour plonger dans une autre perception. Voici ce qui se passe, en termes simples :
1. Une sorte de "court-circuit" sensoriel
Pendant ces moments, ton cerveau semble basculer dans un mode différent :
Tes sens (ouïe, vue, etc.) deviennent hyper-sensibles : les sons ou les couleurs te paraissent plus intenses, comme si le volume ou la luminosité étaient augmentés.
Tu perçois peut-être le temps qui ralentit, ou une impression de déconnexion avec ce qui t’entoure.
Certains décrivent ça comme un "rêve éveillé" ou une immersion soudaine dans un autre monde, plus réel que la réalité.
Ces expériences sont parfois liées à :
Une surcharge sensorielle (trop de stimuli, fatigue, stress).
Un fonctionnement cérébral un peu différent, comme une hyperconnectivité entre certaines zones du cerveau (notamment celles liées à la perception et à l’imagination).
Des traits de haute sensibilité ou même, dans certains cas, à des formes légères d’épilepsie temporale (sans crise, juste des micro-absences).
2. Pourquoi c’est gênant en société ?
Ces moments arrivent souvent sans prévenir, et en pleine conversation, ça peut :
Te faire perdre le fil de ce qu’on te dit (tu "reviens" en ayant raté une partie de la discussion).
Donner l’impression que tu ne suis pas ou que tu es "dans la lune", ce qui peut être mal interprété (distrait, impoli, etc.).
Te mettre mal à l’aise, car tu as conscience de ce décalage, mais tu ne peux pas toujours l’expliquer aux autres.
Certains le vivent comme une double contrainte :
D’un côté, ces instants peuvent être fascinants (une forme d’émerveillement ou de connexion à quelque chose de plus grand).
De l’autre, ils sont socialement inconfortables, car ils te coupent du monde "normal".
3. Comment mieux vivre avec ça ?
Quelques pistes pour atténuer l’impact au quotidien :
Repérer les déclencheurs : Fatigue ? Stress ? Lumière intense ? Bruit ? En les identifiant, tu peux parfois anticiper.
Techniques d’ancrage : Quand tu sens que ça arrive, essaie de te reconnecter à ton corps (serrer un objet, respirer profondément, poser les pieds au sol).
En parler (ou pas) : Si tu fais confiance à ton interlocuteur, tu peux expliquer que tu as parfois des "micro-absences" (sans entrer dans les détails). Sinon, un simple "Désolé, je me reconnecte, tu peux répéter ?" peut suffire.
Transformer l’expérience : Certains apprennent à utiliser ces moments (pour la créativité, la méditation, etc.), plutôt que de les subir, ce qui est ton cas, la plupart du temps, Philippe.
Avec toute mon amitié
Lucie



















